Olivier Dussopt, 1999 SP
Après un parcours universitaire brillant à
l’IEP de Grenoble, Olivier Dussopt a fait ses armes et s’est
lancé dans la campagne des législatives de 2007. En juin,
il devient député PS de l’Ardèche. Après
quelques mois passés dans le cercle fermé des représentants
de l’Assemblée Nationale, il revient sur son rôle
au sein de l’opposition, sur ses projets et ses revendications.
Aujourd’hui, la voix de l’opposition a du mal à
se faire entendre, quels moyens possédez-vous pour faire valoir
vos opinions, en particulier celles qui vous différencient de
la majorité ?
Il y a deux catégories de députés : ceux qui «
avalent » les textes sans faire valoir leurs idées, même
si quelques voix se sont fait entendre ces derniers temps, depuis l’amendement
Mariani et l’affaire EADS. Et d’autres –les députés
d’opposition- qui avancent les incohérences du projet gouvernemental
comme celles de la loi de financement de la sécurité sociale.
Il existe une véritable difficulté à être
visible : il faudrait instaurer un statut pour les parlementaires afin
qu’ils puissent avancer des textes et faire des propositions.
Donner la présidence de la commission des finances à l’opposition
est une mesure insuffisante, s’il y avait une véritable
parlementarisation du régime, les députés auraient
plus de marge de manœuvre. Aujourd’hui, tout est bloqué,
95% de l’ordre du jour est décidé par le gouvernement,
il n’y a donc aucune place pour l’initiative parlementaire.
Il semble pourtant que la Commission Balladur, en charge de la réforme
des institutions, va offrir aux membres de l’Assemblée
Nationale de meilleurs moyens pour contrôler le travail gouvernemental
?
La Commission Balladur ne fait que renforcer les pouvoirs du Président
de la République, en réduisant les pouvoirs du 1er Ministre,
seul représentant de l’exécutif à être
responsable devant l’Assemblée, elle présidentialise
le régime. La possibilité pour le Président de
s’adresser au Congrès devra inévitablement s’accompagner
d’un vote de confiance de la part de ce dernier. C’est le
seul moyen de garantir l’équilibre délicat entre
le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif.
La Commission Balladur réécrit la Constitution en fonction
de la pratique présidentielle de Nicolas Sarkozy : son rôle
est de mettre des mots sur cette nouvelle approche. Sa tactique est
de modifier la Constitution de manière progressive afin de ne
pas briser le « précieux » consensus majoritaire.
Quelques propositions peuvent néanmoins être intéressantes
à étudier, comme la suppression du 49.3 ou le partage
de la maitrise de l’ordre du jour, reste qu’il ne faut pas
que ce soit du « bricolage ». Quant à l’introduction
d’une dose de proportionnelle, c’est une question délicate,
il s’agit de savoir comment la calculer sans amplifier le phénomène
majoritaire, comment permettre à des partis qui réunissent
un certain pourcentage de la population d’être présents
au sein du débat démocratique ?
Le PS est justement en difficulté au sein du débat démocratique,
envisagez-vous de faire partie des personnalités de premier plan
pour sa rénovation ?
Je préfère parler de reconstruction ou de renaissance.
Actuellement, je travaille auprès du député européen
Benoit Hamon et évidemment nous entendons bien faire valoir nos
idées et nos travaux pour assurer l’avenir du parti.
Quels sont actuellement les projets que vous défendez
?
Je me suis attaché particulièrement à trois projets
: tout d’abord la question postale. La défense du service
public est une question fondamentale, il s’agit de savoir quelle
société nous voulons pour l’avenir. Sa remise en
cause bouleverse notre système de solidarité et l’accès
à tous à la pluralité de l’information. Ensuite,
toujours dans le domaine du service public, je m’occupe de la
transcription des directives européennes en droit interne, en
cherchant sans cesse un équilibre entre aménagement du
territoire et solidarité entre les habitants c’est à
dire en développant un service public performant. Enfin, mon
travail de parlementaire s’axe sur la question plus large de la
reproduction des inégalités, l’égalité
des chances et la possibilité de faire profiter à tous
de l’ascenseur social.
Anne CALOT
PROGIS : 2009
Interview tirée du Magazine n°39 (Mai 2008)