Marine BENICHOU ép. COSIC (2012 SP), Commissaire
de Police
Parcours universitaire
Après avoir fait hypokhâgne, j'ai rejoint Sciences Po Grenoble en ayant pour objectif l'ENM (Ecole Nationale de la Magistrature). En master, j’ai suivi le parcours Carrières Publiques pour ma quatrième année. J'ai eu l'occasion de réaliser un stage dans la magistrature, et de découvrir des aspects du métier que j'ignorais. J'ai réalisé ma cinquième année en suivant les cours de l'IEJ (Institut d'études judiciaires) de l’université de droit de Grenoble. C'était une option possible à l'époque ; cela permettait de suivre des cours à la fac tout en obtenant un diplôme de Sciences Po Grenoble. A l’issue du master, j'ai passé le concours de l'ENM que j’ai échoué. Je me suis alors orientée en master de criminologie à l'université Panthéon Assas à Paris. A l'issue, j'ai présenté et réussi le concours de commissaire de police.
Parcours professionnel
Le concours réussi, j'ai intégré l'ENSP - Ecole Nationale Supérieure de la Police - à Saint Cyr au Mont d'or près de Lyon. La formation à l’école est de 2 ans, je suis sortie de l'école en 2015. J'ai depuis, occupé différents postes.
Pour débuter, j'ai été adjointe à la division de sécurisation et protection des institutions. Il s’agissait d’un service de 1200 fonctionnaires, ayant pour mission la protection des bâtiments publics français et étrangers (préfecture, Elysée, ambassades...). La particularité de ce poste, à la DOPC - direction de l'ordre public et de la circulation - est que le commissaire a un rôle important sur le terrain. En effet, la moitié du temps, j'effectuais du maintien de l'ordre (MO) en ayant la responsabilité de la mise en oeuvre du service d’ordre, avec des CRS ou des gendarmes mobiles. C'est donc un poste très intéressant, qui permet au commissaire d’aller sur le terrain, malgré le rôle de management qui reste prégnant.
En 2017, j'ai quitté la DOPC pour devenir chef du service judiciaire d'un commissariat pendant 2 ans.
A l’issue, je suis finalement retournée vers la DOPC mais cette fois, à l'État-major. La coordination et l'anticipation étaient les maîtres-mots de mon activité au sein du service. Là encore, une partie de mon travail était dévouée au maintien de l'ordre, me permettant d'aller sur le terrain avec mes collègues. Après un an et demi, j'ai été affectée au Commissariat de Courbevoie en tant que chef de circonscription.
Rapidement il m’a été proposé de rejoindre le Commissariat de Puteaux - La défense. Ce nouveau poste oblige des positionnements différents au regard des enjeux et du contexte du quartier de la Défense : une population surtout composée de cadres, de sièges d'entreprise et ainsi une délinquance associée.
Je quitte ce poste au début de l'année 2023, pour rejoindre le service de la protection. Ce service a en charge la sécurité des personnalités, ce poste va allier à la fois du management mais également un important volet opérationnel.
La question de la légitimité concernant le concours externe de Commissaire
La DOPC est un service qui permet au commissaire de sortir sur le terrain assez facilement, afin de coordonner les équipes, en particulier en maintien de l'ordre. La présence du commissaire apporte ainsi une réelle plus-value.
Ma volonté d’aller sur le terrain contribuait à la découverte de celui-ci d’une part et à la construction de ma légitimité dans la police, étant une femme, jeune et issue du concours externe. Ce travail sur le terrain est plus facile à réaliser en DOPC qu'en commissariat. Par ailleurs, le concours externe permet de recruter de jeunes commissaires avec un oeil neuf sur l’institution.
Motivations
Mon projet à l’origine était l'ENM (au parquet) mais pendant mon stage, j'ai découvert que le travail était plutôt solitaire, sans vraiment d'équipe avec qui travailler. Ainsi, le métier pour lequel je m'étais préparée toute ma vie, n'était pas celui auquel je m'attendais.
Finalement, lorsque je me suis renseignée, après avoir échoué le concours de l'ENM, le métier de commissaire semblait correspondre à mes attentes : du terrain, du concret, du contact avec les gens et enfin le management d’équipe. Je ne regrette pas du tout mon choix ; j'adore mon métier.
Mon service de rêve était le Service de la Protection, que je rejoins bientôt. La protection des personnalités est passionnante et stimulante. D'une part, l’aspect stratégique et l’adaptation aux situations sont primordiales. De l'autre, ces postes obligent à suivre l'actualité, à connaître les enjeux lors de chaque déplacement et présentation. Cela exige donc une connaissance des conflits en cours et de l'actualité.
Qualités requises pour être Commissaire de police
D'après moi, pour être commissaire de police, il est important d'avoir de bonnes capacités d'écoute de ses collègues, de ses chefs (répercuter les instructions) et ainsi qu’une capacité à résoudre des problèmes. Avoir une fibre humaine est primordiale.
Il faut aussi être capable de prendre et d’assumer ses
propres décisions en tant que chef. Finalement, des capacités d'analyse
et d'adaptation sont nécessaires afin d'être en mesure de réagir dans
l'urgence faisant face à des situations aux évolutions rapides.
Interview réalisée par Garance Chauvin (étudiante
3A)
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12/01/2023