Cyril ROGUET (1994 SP), Directeur du Grand site du Jardin des Plantes

Cyril Roguet, diplômé de l’IEP de Grenoble en 1994 est actuellement directeur du Grand site du Jardin des Plantes. Son parcours nous met en contact avec…

Une institution

Le Muséum national d’Histoire naturelle de Paris (MNHN) où Cyril Roguet construit sa carrière professionnelle. Créé en 1793 pour rendre au peuple l’accès aux collections royales en Histoire naturelle et en diffuser les savoirs, le Muséum se plaçait au 4ème rang des lieux de visite les plus fréquentés en 2022. Il entre en 1997 en stage de communication au Musée de l’Homme, musée rattaché au MNHN, et il est depuis 2015 directeur du Grand site du Jardin des Plantes. Son parcours s’est fait en passant par différents postes touchant à des domaines variés, gagnant une vision globale de cette institution. Une mobilité nécessaire à ses yeux pour être prêt à mener à bien les missions d’envergures qui lui seront confiés lors de son accession à des postes de direction, de la DICAP du MMNHN (Direction de la diffusion, communication de l’accueil et des partenariats) jusqu’à la direction des galeries et du Grand site du Jardin des Plantes.

Une transformation

Celle que Cyril Roguet a opérée au Muséum d’Histoire naturelle à partir de 2015, année de sa reprise de poste au Muséum en tant que directeur des galeries. C’est à ce poste qu’il contribuera activement à un changement dans la structure administrative du MNHN, jusque-là dispersée entre les différentes entités que sont la Grande galerie de l’Evolution, les serres, la Ménagerie, le zoo du Jardin des Plantes, les jardins… Commence un temps de réflexion collaborative permise par la création de groupes de travail pour impliquer l’équipe du Muséum dans son ensemble. De cette réflexion naît le Grand site du Jardin des Plantes, fusion administrative qui permet une gestion et une programmation globale. Un pari réussi qui se reflète dans la programmation culturelle du MNHN aujourd’hui, dont l’ambition de proposer aux visiteurs « une destination » se fait de plus en ressentir dans la fréquentation.

Des opportunités

Opportunités au pluriel pour toutes celles que Cyril Roguet a saisies au fil de son parcours. Dans sa vie professionnelle comme dans ses études, il est guidé par la curiosité et l’envie d’apprendre dans de nouveaux domaines pour lesquels il se passionne, comme l’ethnographie et la préhistoire lors de sa première embauche au Musée de l’Homme. C’est cette curiosité qui le fait accepter en 2010 le poste de secrétaire général de l’Institut français du Proche-Orient à Damas puis Beyrouth, présent sur 5 pays et spécialisée en études archéologiques, médiévales et ottomanes ainsi que sur les questions contemporaines.

L’histoire (petite, grande, naturelle)

A de nombreuses occasions lors de son parcours, l’histoire de Cyril Roguet a rencontré la grande.

A la fin des années 90 alors qu’il est en poste au Musée de l’Homme, Jacques Chirac lance le projet de construction d’un musée national consacré aux arts premiers vers lequel seraient transférées les collections ethnographiques conservées à ce moment au Musée de l’Homme. Cyril est alors chargé de la coordination des services communs et des échanges avec le futur Musée du Quai Branly.

En septembre 2010, il est en poste à Damas quand les révolutions du printemps arabe commencent. A compter de juin 2011, pendant 6 mois il fait les allers-retours entre Damas et Beyrouth pour organiser l’activité des personnels syriens demeurés sur place, et organiser celle des équipes rapatriées sur Beyrouth et Amman. Il participe aussi à la création de deux nouvelles antennes de l’IFPO à Erbil et à Jérusalem Est.

En 2018 avec une vaste réorganisation, le MNHN se réaffirme en tant qu’institution multiforme et engagée avec une mission de diffusion des connaissances pour le public sur l’Histoire naturelle, qui s’articule avec ses activités de recherche, de conservation des collections, d’expertise et d’enseignement. Le Muséum présente des faits basés sur des recherches, la diffusion de connaissance étant légitimée par la synergie entre ses différents champs d’action. La réorganisation a permis une meilleure articulation des différents activités (conservation, recherche, enseignement, diffusion) et d’assurer de manière plus efficace la vocation du Muséum.

Des échanges

Les trois moments qui ont marqué la carrière de Cyril soulignent l’importance de l’ouverture, du lien et du partage. De l’émotion de la présidente lettone au lancement de l’exposition « Latvia » dédiée à ce pays au Musée de l’Homme (2001), à l’emballement du public lors de la présentation d’un T-rex prêté par le Naturalis Museum de Leiden en Galerie de Géologie et de Minéralogie (2018), en passant par les temps forts d’émulation collective lors des échanges par groupe de travail pour la création du Grand site du Jardin des Plantes en 2016. En restant de nombreuses années au sein de cette institution, il a pu voir évoluer les manières de travailler et être acteur de la mise en place d’un nouveau cadre de travail qui privilégie la collégialité. Les décisions sont toujours prises en concertation avec plusieurs personnes.

Et pour la suite

L’objectif est de consolider la vision globale du Grand site du Jardin des Plantes auprès du public et de continuer à proposer une programmation variée pour attirer de nouveaux publics, notamment les adolescents et jeunes adultes. Avec le lancement des Tribunes, le musée affirme son engagement et son ouverture au débat par ces évènements qui donnent la parole aux participants et font intervenir des experts sur des questions de société vu sous l’angle de l’histoire naturelle, comme récemment sur la question du genre.

Un mot sur Sciences Po

Sciences Po Grenoble a été un point fort du début de parcours de Cyril Roguet qui a beaucoup apprécié ses années au sein de cette école à la forte dynamique, avec des cours enrichissants et une vie associative développée. Cette école lui a permis de cultiver sa curiosité en étudiant de nouveaux sujets comme les affaires judiciaires, sujet qui guidera la rédaction de son mémoire sur « les demi-fous », mais aussi de renforcer son goût pour la culture, ce qui le mènera à intégrer l’Ecole du Louvre après ses trois ans à Sciences po de 1991 à 1994. Pour finir, Sciences po a été surtout un lieu de rencontres, terreau d’amitiés durables qui se poursuivent aujourd’hui.

Interview réalisée par Clara Marchand (diplômée 2023)
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07/03/2023