Olivier Michalet, 1997 POL
A 31 ans, Olivier Michalet a été ordonné
prêtre, en septembre 2007. Il officie aujourd’hui dans
la paroisse de Versailles. Un engagement qu’il a choisi à
la fin de son cursus à l’IEPG. Pour ce jeune prêtre,
religion et politique sont liées et son cursus à Science
Po continue de le pousser à la réflexion, dans l’exercice
de son métier.
Originaire de l’Allier, Olivier Michalet porte cet après-midi,
ses vêtements de civils. Le regard apaisant, il raconte d’une
voix calme comment lui est venue sa vocation pour la prêtrise.
« A partir de ma troisième année à Science
Po, j’ai commencé à me poser la question de l’engagement
ou non dans l’Eglise, mais en même temps, j’adorais
mes études. En troisième année, je me suis un peu
spécialisé en sociologie de la religion. » Il réalise
alors un mémoire sur « L’information religieuse au
Monde et au Figaro », sous la direction de Jean-Pierre Viallet,
une étude comparative sur le fonctionnement et le contenu de
l’information religieuse dans ces deux grands quotidiens nationaux.
« Je faisais également partie du diocèse de Grenoble.
J’étais dans un petit groupe de réflexion qui réunissait
des garçons qui se posaient la question d’un éventuel
engagement dans l’Eglise. » Olivier Michalet se lance ensuite
dans un DEA d’Etudes Politiques « pour se décider
». Un DEA qu’il ne validera pas, son choix s’étant
fixé : il deviendra prêtre.
Il entre donc au séminaire, une formation de six ans. «
Au séminaire, on entre pour en sortir : soit on devient prêtre,
soit on sort en cours de route, mais il n’y a rien de définitif,
raconte-t-il. Le séminaire allie une formation intellectuelle,
une formation humaine et une formation à la vie pastorale et
tout cela bâtit un seul homme. La part de sciences humaines est
notable. »
« Je continue de lire les travaux du CEVIPOF »
Ordonné prêtre en septembre 2007, Olivier Michalet occupe
actuellement trois missions à mi-temps. Une mission d’accompagnement
dans un établissement catholique où il aide les équipes
pastorales de l’établissement, notamment pour la catéchèse
et les sacrements ; vicaire dans une paroisse de Versailles ; et chargé
de TD à l’Institut catholique de Paris, pour des étudiants
en licence de théologie. Il est également membre d’une
petite congrégation de prêtres, les Eudistes, fondée
par Saint Jean Eudes au XVIIème siècle. « Les études
à Science Po apportent beaucoup en terme de maturité humaine
car c’est très riche. Mon cursus m’a aidé
à cerner la place du christianisme dans la société
française et à rationaliser un engagement qui peut être
parfois très affectif. Je continue à lire de la sociologie
ou ce qui sort en sciences politiques, comme les travaux du CEVIPOF,
par exemple. » Pour lui, politique et religion sont indubitablement
liées. « L’impact historique du christianisme sur
notre culture me semble évident, y compris d’ailleurs pour
la notion française de laïcité, même si celle-ci
s’est en partie construite en réaction à une situation
prédominante de l’Eglise catholique. La relation religion-politique
n’est pas univoque : certes la religion ou la non-religion a un
impact sur les représentations politiques des individus, mais
l’inverse est également vrai. Sans doute parce que l’on
touche dans les deux cas à l’identité profonde d’une
personne. » Pour ce jeune prêtre, l’avenir de l’Eglise
se joue en partie aujourd’hui, en Asie et en Afrique. Les concepts
théologiques européens ne sont pas ceux de l’Extrême-Orient
ni de l’Afrique, « il faut donc travailler pour rendre la
foi intelligible dans les cultures contemporaines. C’est ça
la théologie, et pas travailler seul dans une chambre ! »
Le climat « anti-catho » de Science Po
Olivier Michalet se souvient de ses années à l’IEP.
« Pierre Bréchon a été pour moi une école
de rigueur scientifique. J’aime les sciences politiques et mes
professeurs, très différents les uns des autres d’ailleurs,
m’ont beaucoup marqué. Si j’avais su, j’aurais
travaillé davantage car je me suis aussi beaucoup amusé
pendant ces années. Un souvenir moins réjouissant de l’IEP
est celui du climat anti-catho voire antichrétien qui y régnait
parfois. Les gens avaient souvent une image de l’Eglise réac,
complètement fausse. »
Malgré tout, lorsque son ordination a été annoncée
dans le magazine des anciens diplômés, Olivier Michalet
a reçu une vingtaine de mails de félicitation d’anciens
étudiants. « Cela m’a énormément touché.
Il y avait même des diplômés des années 1970
que je ne connaissais pas. »
Lucile GUICHET
2008 PO - Journalisme : 2008
Interview tirée du Magazine n°39 (Mai 2008)