Laïlla
CHOUG, SP 2006, consultante sénior dans les services financiers
1/ Pouvez-vous rappeler votre parcours ?
Mon parcours à Sciences Po Grenoble a commencé un peu par
hasard. Titulaire d’un bac Scientifique je m’étais
prédestinée à une carrière dans la médecine.
J’ai alors étudié deux ans en PCEM1. Le jeu des concours
en décide autrement, c’est ainsi que j’intègre
Sciences Po en 2002.
Mon intérêt pour les affaires internationales explique que
durant ma spécialisation en Service Public, j’ai suivi nombre
de cours optionnels sur des thèmes divers – l’immigration
en Europe, l’extrémisme de droite, l’histoire de l’Afrique
subsaharienne… Pour moi, Sciences Po a constitué une étape
cruciale de mon parcours universitaire car j’y ai acquis les clés
de compréhension des sociétés et des enjeux qui s’opèrent
entre elles. Après une année de césure au Caire et
à Amsterdam, je me suis spécialisée en banque/finance
en intégrant un master professionnel à l’Université
Paris Dauphine.
2/ Pourquoi avez-vous choisi de vous spécialiser
dans le secteur financier
J’ai été marquée par mon séjour en Egypte
en 2005. J’ai été confrontée à d’autres
conditions sociales, d’autres réalités économiques,
une autre vision de la société. J’ai assisté
à une élection présidentielle et des élections
législatives sur fond de tensions sociales. Les Egyptiens réclamaient
une meilleure qualité de vie, une situation de l’emploi moins
précaire.
Les écarts de modernité au sein de la société
égyptienne m’ont beaucoup frappé. J’ai pris
conscience que l’ouverture économique et l’intégration
financière d’un pays étaient cruciales, d’une
part, pour la démocratisation de l’accès des citoyens
aux marchés, d’autre part, pour le financement de son développement
grâce aux flux humains, commerciaux, technologiques et financiers
extérieurs.
3/ Concrètement en quoi consiste votre
métier ?
Depuis plus de 5 ans, je suis consultante dans les services financiers.
Après un stage de 6 mois en financement structurés exports
à la Société Générale, j’ai intégré
Equinox Consulting, un cabinet de conseil spécialisé dans
l’organisation et le management des services financiers. Mon métier
consiste concrètement à accompagner les institutions ou
groupes financiers dans la gestion de leurs activités. Mes clients
peuvent être des banques, des assurances, des brokers ou chambres
de compensation (clearing houses). La prestation peut concerner diverses
problématiques : mettre en place une règlementation, étudier
ses impacts ; améliorer la gestion des risques financiers ; optimiser
la performance d’une activité, d’une organisation,
etc.
Pour donner quelques exemples : j’ai travaillé, en tant que
chef de projet, dans le cadre de l’acquisition de Fortis Bank par
BNP Paribas. Mon rôle consistait à manager un groupe d’analystes
risques séniors pour construire des tables de données destinées
à alimenter le système d’information Risque cible
Fortis/BNPP. D’un autre côté, j’ai travaillé
pour les directions Financière, des Achats et IT d’un grand
groupe sur l’analyse de leurs risques de marché – matières
premières, taux et change –, et sur le choix d’un outil
de trading et de gestion de ces risques.
Aussi, la régulation des marchés financiers a une importance
grandissante depuis plusieurs années. Dans ce contexte, j’ai
participé à de nombreux projets réglementaires, notamment
Bâle 2 et Bâle 3, sur l’amélioration de la solvabilité
des banques au regard du risque de défaut de ses contreparties
ou de la dépréciation de ses actifs et sur la capacité
de résistance des banques au regard du risque de liquidité.
4/ Quel regard portez-vous sur votre métier
depuis la crise financière qui a éclaté en 2007/2008?
La crise des subprimes a en effet affecté les banques européennes
dès 2008. J’ai cependant ressenti les répercussions
sur mon métier à partir de fin 2009. Les clients sont devenus
plus exigeants. Avec le même budget, il est dorénavant exigé
d’effectuer la même quantité de travail dans des délais
plus courts avec une qualité plus élevée. J’ai
développé, durant cette période, des facultés
d’adaptation importante.
D’un autre côté, j’ai constaté que les
notions de gestion et de contrôle des risques ont intégré
le langage commun au sein des banques. Il ne s’agit plus seulement
de gagner de nouveaux marchés ou d’être le plus compétitif.
Maitriser les risques inhérents aux services proposés est
devenu primordial pour garantir la profitabilité de l’activité.
A ce titre, de nombreux projets menés dans mon entreprise ont concerné
la mise en place de dispositifs de maitrise des risques mais aussi le
respect de règles déontologiques et de conformité
des activités financières qui prennent de plus en plus d’importance.
Finalement, la crise financière a pointé les faiblesses
du système financier globalisé. Je crois que cette crise
était nécessaire pour que l’ensemble des acteurs prenne
conscience du besoin de réguler et de contrôler les activités
de marché.
5/ Quelles sont vos perspectives pour la suite ?
Le secteur financier est un secteur en transformation permanente. L’activité,
les produits, l’organisation, les acteurs évoluent rapidement.
En tant que consultante, j’ai acquis une expérience solide
des problématiques de gestion des activités financières.
Ces problématiques sont autant de possibilités de carrière
et autant de défis à relever !
Lailla Choug
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17/06/2013