Caroline
BOUVARD (PO 2000), Carine TARGE (SP 2000), Elèves Administratices
Territoriales
Caroline Bouvard et Carine Targe sont actuellement élèves administratrices territoriales à l’INET, respectivement dans les promotions Vaclav Havel et Simone de Beauvoir. L’INET est l’Institut National des Etudes Territoriales. Il accueille chaque année une cinquantaine d’élèves qui ont réussit le concours d’Administrateur Territorial. Ce concours permet, après 18 mois de formation, d’occuper des fonctions de Direction Générale sur des collectivités de plus de 40,000 habitants. Il peut être passé soit en externe, par des élèves en sortie de Licence ou Master, en interne par des fonctionnaires de catégorie A (Attachés Territoriaux notamment), ou en 3e concours par des professionnels expérimentés du secteur privé.
Etudiantes à l’IEP de Grenoble entre 1996 et 2002, elles nous décrivent leurs parcours, qui se sont entrecroisés à plusieurs reprises.
Vous avez toutes les 2 des parcours professionnels singuliers qui se sont croisés plusieurs fois. Qu’est ce qui vous a le plus marqué ?
Caroline et Carine
La plupart des élèves qui entrent à l’IEP ont
un projet, une ambition précise, dans un domaine professionnel
bien défini. Nous avons fait toutes les 2 le choix d’avoir
des parcours beaucoup plus éclectiques. Et ce qui est drôle
dans nos histoires, c’est que sans le savoir, nous avons suivi des
chemins très proches, qui se sont croisés à plusieurs
reprises. Nous étions dans la même promo à l’IEP
(1996-2000), dont un an ensemble en Erasmus à Dublin. Puis nos
parcours divergent, mais à un moment de notre carrière,
nous avons eu envie de l’humanitaire, de l’étranger,
d’autres cultures, de découvrir. Avant de nous retrouver
à nouveau à Grenoble autour de la politique de la ville,
pour finir quelques années plus tard par nous croiser à
l’INET.
Caro
Oui, de mon côté, j’ai commencé par un détour
par le privé, sur du développement touristique au Canada,
puis chez Philips en Espagne, avant de tomber dans l’humanitaire
pour Médecins du Monde au Soudan et plus tard en République
Centrafricaine et au Sud Soudan avec Solidarités International
(SI).
Carine
Pour moi, l’appel de l’Afrique s’est manifesté
à la sortie de l’IEP. A l’époque, le diplôme
se réalisait en 3 ou 4 ans, et j’ai préféré
partir au Burkina Faso pour un programme de la Commission Européenne,
plutôt que de faire un DESS ou un DEA (aujourd’hui master)
juste après mon diplôme. J’avais besoin de toucher
de près le monde du travail, de confronter les enseignements de
Sciences Po à une réalité professionnelle. Puis j’ai
passé le concours d’attaché territorial, et suis entrée
au Conseil général de l’Isère.
Caro
Dans tous ces voyages, on s’est un peu perdues de vue, et puis en
2008, je suis rentrée en France, j’ai passé le concours
d’attaché. Je suis allé travailler pour la ville de
Pont de Claix. D’abord dans le culturel, puis dans le développement
d’équipements structurant et la politique de la ville ; et
au détour d’une réunion politique de la ville, j’ai
recroisé Carine !
Carine
Ce furent des retrouvailles inattendues ! A cette période, je revenais
de 4 ans passés au Cameroun pour un projet de coopération
décentralisée, et je retrouvais un poste de chef de service
de la cohésion sociale au Conseil général de l’Isère.
Caro
Pendant un an, nous nous croisons pour le travail, et puis j’engage
mon projet de disponibilité pour repartir en mission humanitaire
et préparer le concours d’administrateur. Sans savoir que
Carine, parallèlement, avait le même projet d’intégrer
l’INET.
Carine
Pour moi, j’avais besoin d’évoluer dans mon travail
et prendre plus de responsabilités. J’ai décidé
de préparer le concours en interne avec l’appui de l’INSET
d’Angers (Institut National Spécialisé d’Etudes
Territoriales qui assure la formation continue des cadres A des collectivités
territoriales). Je suis rentrée l’INET début 2013.
Après près de 18 mois de formation et de stages en collectivités,
je prépare ma sortie de l’école, et devrait intégrer
une collectivité à l’automne.
Caro
Au final, on a une année d’écart sur notre entrée
à l’INET, puisque j’ai passé le concours en
revenant d’Afrique fin 2013. Je viens donc de rentrer en formation,
et d’y retrouver Carine, à ma grande surprise ! Car à
l’Inet, les promotions se chevauchent sur 6 mois.
Quels parcours ! Et finalement, que tirez vous de toutes ces expériences ?
Après en avoir discuté, ce qui nous semble le plus important, c’est d’être allées voir ailleurs, pour pouvoir avoir un autre regard sur ce qui se fait dans nos collectivités, apporter un point de vue différent. Toujours se poser la question : « peut on faire autrement, mieux, d’autres le font-ils différemment ? ». Avec l’intérêt d’avoir une vision du secteur public et du secteur privé, qu’il soit associatif ou d’entreprise.
Avoir travaillé sur des missions plus opérationnelles au plus proche du terrain nous semble aussi bénéfique avant d’occuper des postes d’administrateur. Cela nous a permis d’avoir un meilleur sens des réalités quotidiennes des agents, des administrés, des besoins des services, des problématiques d’organisation. C’est enrichissant d’aller voir au plus petit niveau de l’échelle.
Et puis un dernier point : il faut vraiment oser la mobilité ! Ce n’est pas toujours un choix facile, certains employeurs ont encore du mal à en comprendre l’intérêt, mais de plus en plus souvent, c’est une véritable plus value, tant d’un point de vue professionnel que personnel.
Un conseil pour les étudiants de l’IEP ?
Donnez-vous la liberté de faire ce dont vous
avez envie ! Il n’y a pas une voie unique pour son parcours professionnel.
Il ne faut pas réfléchir de manière linéaire
à sa carrière, il faut savoir saisir les opportunités
qui se présentent, et prendre aussi parfois des temps de recul
pour trouver du sens à ce que l’on fait, même si cela
n’a pas toujours de bénéfice immédiat sur son
projet pro. Chacun doit faire son propre chemin, et c’est cette
diversité qui est riche dans le monde du travail.
Caroline BOUVARD et Carine TARGE
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30/10/2014