Morgane CAUJOLLE (2012 PO), Deputy Head of the Trends Reputation Analysis and Knowledge (TRAK) Unit - Comité International de la Croix Rouge, Genève
Originaire du sud de l'Ardèche, Morgane Caujolle est arrivée à Sciences Po Grenoble en septembre 2007 après une première année de licence à Lyon en Sciences Politiques et Langue Littérature et Civilisations Étrangères. Elle se souvient avoir été très positivement surprise de l’’accompagnement rapproché des professeurs de Sciences Po. Son choix de master s’est tout de suite porté sur celui intitulé “Organisations Internationales,” actuellement Master de Politiques Publiques des Organisations Internationales (PPOI). Ce choix était éclairé notamment car elle a réalisé en 2009 deux stages : un en Cisjordanie dans une ONG spécialisée dans la lutte contre les discriminations faites aux femmes et un au Bénin portant sur l'accompagnement économique aux personnes vulnérables. Morgane décrit ces expériences comme très enrichissantes pour son parcours lui permettant ainsi de « sortir un peu la tête des livres. » Elle s'est retrouvée dans ces valeurs humanitaires qui sont très humanistes. C’est notamment grâce à cela qu’elle a développé un attrait particulier pour la région du Moyen-Orient et a commencé l’apprentissage de l’arabe à la Maison des langues.
Après une première année de master qu’elle a notamment passé à Stockholm en Suède, lui permettant de sortir de sa zone de confort, elle a obtenu un stage à l’ONU et plus précisément au bureau de coordination des affaires humanitaires (BCAH - ou OCHA en anglais) à Genève. Elle a tout de suite été embauchée dès la fin de son master en qualité de consultante pendant un an et demi. Malgré l’incertitude des premiers contrats courts, on a su lui donner sa chance en l’envoyant notamment en Jordanie, à Dakar et à New York.
Morgane a par la suite obtenu un poste d’un an au Comité Internationale de la Croix Rouge (CICR) en tant qu’Attachée dans l’équipe de Diplomatie Humanitaire et Politiques Organisationnelles à Genève, et a ensuite travaillé comme Analyste pour la Corne de l’Afrique et le Moyen-Orient. Afin de poursuivre l’expérience humanitaire avec plus d’expérience pratique et terrain – ce qu’elle considère fondamental dans le secteur humanitaire, Morgane est retournée aux Nations Unies, avec le Haut-Commissariat pour les Réfugiés (HCR), en tant que Cheffe d’une Unité de gestion de l’information à Téhéran, en Iran. Cet emploi lui a permis de constituer sa première expérience de gestion d'équipe et de travailler énormément à travers tout l’Iran.
C’est pourtant en Irak, à Mossoul, qu’elle a vécu sa mission la plus marquante en tant que déléguée détention, protection de la population civile, puis déléguée terrain auprès du CICR. Elle a dû beaucoup étudier l’arabe pour être capable de travailler dans cette langue. Elle a eu « l’impression d’amener une goutte dans un océan de besoins, mais une goutte d’eau qui est quand même importante ».
Même si ces expériences sont très enrichissantes, Morgane partage que les professionnels de l’humanitaire ont souvent de l’incertitude « quant à la prochaine mission » et parfois des difficultés à conjuguer un « travail passion » avec la vie personnelle.
Morgane est retournée au siège du CICR à Genève en 2020 quand elle est passée analyste de crises. Elle est maintenant chef adjointe de l’unité d’analyse des sources publique, et gère la partie de l’équipe qui est basée partout dans le monde et qui soutient les opérations.
En parallèle de ce travail très prenant, ayant reçu les
encouragements du Pr. Franck Petiteville (enseignant-chercheur et responsable
du master PPOI à Sciences Po Grenoble) pour développer une idée de recherche,
Morgane a rejoint l’école doctorale de Grenoble en septembre 2019. Son
retour en Europe lui a permis d’avoir accès à beaucoup de ressources académiques
lorsqu’elle était sur le terrain. Sa thèse, qu’elle a défendu en juin
2023, interroge le rôle des nouvelles technologies de l’information dans
les politiques et pratiques du régime international de protection des
populations civiles (disponible en
ligne à la bibliothèque du CICR). Elle souligne que sans la confiance
de Pr. Petiteville, elle n’aurait pas pu le faire. Depuis 2019, elle donne
également un cours au sein du master PPOI à Sciences Po intitulé “Introduction
to international protection”. Dans ce cours, elle souhaite apporter aux
étudiants des éléments théoriques sur la question de la protection des
populations civiles mais également les préparer à aller vers plus de «
pratiques » en se mettant dans les chaussures de futurs professionnels.
Elle déclare que sans Sciences Po elle n’en serait pas là aujourd’hui
et souhaite ainsi rendre à l’école ce qu’on a pu lui apporter par le passé.
Interview réalisée par Amélie HOUDOU (étudiante
IEPG)
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08/01/2024