Anouchiravan ROUSTA (1970 PS), retraité, ancien
Directeur à l'International Council on Human Rights Policy.
J’ai choisi Sciences Po afin d’entamer une carrière diplomatique dans mon pays d’origine, l’Iran. Pourtant, au cours de ma vie professionnelle j’ai dû changer à plusieurs reprises de domaine d’activité.
Par ailleurs, pendant mes études, j'ai pu assister à deux événements très importants pour mon apprentissage.
D'abord, ce fut les jeux olympiques d'hiver de Grenoble qui ont eu lieu du 6 au 18 février 1968. Aidé par mon statut d'étudiant en Sciences Po, j'ai été engagé par un journal iranien de langue anglaise, le «Tehran Economist», et j'ai pu assister, en qualité de reporter, à toutes les épreuves olympiques et l'organisation d'un événement sportif mondial.
Quelques mois plus tard, en mai 68, j'ai pu assister à des événements qui marqueront à jamais ma vision du monde. La grève générale, la fermeture des universités, des écoles, des usines, des banques et autres administrations, accompagnés de manifestations quotidiennes partout en France ont marqué le monde. Au cours des réunions improvisées par les étudiants dans les amphis de Sciences Po, j’ai assisté au spectacle d’affrontement des idées de tout l’échiquier politique, de l’extrême droite royaliste à l’extrême gauche et anarchiste.
Ces deux événements et surtout celui de mai 68 ont eu une influence certaine sur ma vision de la politique et la démocratie dans le monde.
Diplôme de Sciences Po en poche, je me suis inscrit à la faculté de droit pour obtenir un doctorat en relations internationales. Après avoir passé avec succès mon DES, je suis parti une année à Londres et ensuite six mois à Lausanne pour préparer ma thèse de doctorat sur «Les relations Irano-Soviétiques de 1945 à 1970» sous la direction du professeur Charpentier. Après avoir présenté ma thèse et obtenu une mention je suis parti à Téhéran où j'ai dû effectuer pendant deux ans mon service militaire obligatoire en tant que lieutenant des forces spéciales aéroportées de l’armée.
Pour pouvoir joindre le service diplomatique, il fallait
passer un concours et bien entendu avoir des connaissances approfondies
sur l’Iran, notamment son doit constitutionnel, son droit administratif,
sa littérature etc. Ayant effectué mes études en France, j’avais des lacunes
dans mes connaissances spécifiques sur l’Iran. De ce fait, j'ai décidé
de m'inscrire à l'Université de Téhéran en vue d'obtenir un deuxième doctorat
en Sciences Politiques. Ceci m'a permis de réussir le concours d'admission
au ministère des affaires étrangères d'Iran qui s'étalait sur une année
entière. Sur les 2000 participants seuls 20 étaient finalement admis.
J'ai réussi parmi les 5 meilleurs à être admis comme cadre diplomatique.
J'ai commencé ma carrière diplomatique au sein du ministère des affaires
étrangères dans le département de la nationalité.
En même temps, j’ai été nommé responsable des relations internationales de la fédération iranienne d’escrime. Dans ce cadre, j’ai accompagné en 1974 l’équipe iranienne au Championnat du monde d’escrime à Grenoble.
18 mois plus tard, j'ai reçu ma première mission en qualité de Vice-Consul au Consulat Général d'Iran à Genève où j'ai été responsable des affaires consulaires. 3 1/2 ans plus tard, en 1979, il y a eu la révolution islamique et le changement de régime en Iran. À cette époque, j’étais Chargé d'affaires du Consulat Général d’Iran à Genève et dû rester en poste encore un an, dépassant la limite réglementaire de quatre ans consécutifs dans la même mission, avant de retourner en Iran et rejoindre le troisième département politique, et m’occuper des desks France et Benelux.
J’y ai travaillé pendant un an avant d’être envoyé à nouveau en mission à l’Ambassade d’Iran à Paris pour occuper le poste de responsable du département de presse.
En 1981 j’ai quitté la carrière diplomatique et me suis installé à Genève, avec ma famille, pour commencer une nouvelle vie.
Dès le début de mes études, je m’étais préparé à travailler comme diplomate au sein du ministère des affaires étrangères d’Iran. Ayant dû abandonné ma vocation, suite à la révolution islamique en Iran, je ne savais plus de quoi j’étais vraiment capable et dans quel domaine mes études en Sciences Po pouvaient bien me diriger.
Après un an de recherche, j’ai finalement commencé à
travailler, en qualité d’assistant administratif, c’est-à-dire tout en
bas de l’échelle, dans un holding financier et fiduciaire qui employait
plus de mille personnes à travers le monde. Six mois plus tard j’ai été
promu chef du personnel, un an après, directeur administratif et trois
ans plus tard PDG de cette même société.
La délocalisation de cette société et surtout des raisons familiales m’a
poussé à démissionner et chercher un nouveau défi.
Cette fois j’ai aidé à établir, à Genève, une nouvelle ONG internationale, dans le domaine de la recherche sur les droits de l’homme, en qualité de directeur administratif et financier. Cette ONG dont j’ai personnellement défendu et obtenu le statut consultatif de l’ONU devant le comité permanent d’Eco Soc à New York est devenue active dans la recherche sur la politique des doits humains et, outre l’organisation de nombreuses conférences et séminaires en collaboration avec le Haut Commissariat de l’ONU pour les Droits Humains et l’Université de Genève, a effectué des recherches et produit de nombreux documents et livres sur ce sujet.
En conclusion, je réalise que les études en sciences politiques, contrairement à l’idée répandue, ne mènent pas uniquement à des connaissances vastes et générales. Avant tout, elles apprennent à apprendre et elles préparent à toutes les carrières que ce soit dans l’administration, les finances, le commerce internationale ou le management. Les études en Sciences Po permettent d’occuper n’importe quel poste dans n’importe quel domaine.
La direction de l’IEP de Grenoble, en engageant comme enseignants, des personnalités académiques mondialement connus et en établissant des liens directe avec Sciences Po Paris de même qu’avec St. Anthony’s College d’Oxford, ont placé l’IEP Grenoble parmi les meilleures universités de Sciences Politiques.
En définitive je peux affirmer que les études en Sciences
Po sont un excellent tremplin pour la vie, où l’on apprend à mieux comprendre
le monde, si souvent inextricable, à travers le prisme des sciences, de
la politique et de l’histoire de notre temps.
Anouchiravan ROUSTA
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27/04/2021